De retour d'un joli séjour dans les Vosges et en Alsace, j'ai eu la chance de découvrir l'antre de l'âme de Noël. Laissez moi vous raconter...
Très sceptique au départ au sujet de ces multiples marchés de Noël, à mon sens très commerciaux et touristiques, je me suis finalement moi aussi laissée imprégner de cet esprit de Noël dont j'ai si souvent entendu parler.
J'ai découvert des traditions ancrées dans les familles autour de la Saint Nicolas et de Noël mais surtout, malgré le froid ambiant, j'y ai ressenti beaucoup de chaleur.
Chaleur du vin chaud, chaleur des feux de cheminées et même des braseros extérieurs mais par dessus tout chaleur humaine.
Pour croire à nouveau en Noël, j'avais besoin d'y trouver du sens. Esprit cartésien et pourtant très spirituel aussi, vive mes contradictions et ma double personnalité.
Depuis tant d'année, j'ai le sentiment que cette société de consommation a transformé cette fête familiale. J'avoue que je ne parvenais plus à trouver un juste milieu dans tout cela.
Les cadeaux, les tablées d'opulence, le sapin en plastique, en bois, en vrai ? Comment s'y retrouver ? Alors j'ai commencé à fouiller et je suis aller en rechercher les origines lointaines...à la source !
A tous celles et ceux qui comme moi ne savent plus où commence la sobriété heureuse -pour paraphraser notre cher Pierre Rabhi- et où s'arrête l'écologie, cet article est pour vous
L'arbre de Noël, religieux ou pas ?
Au Moyen Âge, on trouvait dans les églises un sapin décoré d'un côté de pommes et de l'autre côté d'oublies, (hosties non consacrées).
La pomme rappelait le fruit défendu, le péché originel et la chute du Paradis. Les hosties, quant à elles, évoquaient la rédemption par l'Eglise fondée par le Christ.
Le sapin s'apparentait alors à l'arbre de la Connaissance du jardin d'Eden, tout en restant annonciateur du renouveau printemps par son effeuillage verdoyant.
La fête peut être interprétée comme une commémoration des origines de l'humanité. L'arbre décoré, métaphore de l'arbre au fruit défendu prend alors tout son sens.
En Alsace, les fêtes de Noël s'inspirent de traditions liées au cycle des saisons. Ce cycle commence et s'achève au jour de Noël, Noël célébrant la naissance du Christ dans le calendrier chrétien, tire son origine de traditions très anciennes.
La coutume de l'arbre de Noël se propage à une grande partie de l'Alsace sous l'influence du protestantisme, avant de gagner les pays germaniques. D'anciens documents attestent de cette pratique, devenue populaire.
Au XIVe et au XVe siècle déjà, certaines archives communales mentionnent le droit pour les habitants de couper un sapin dans les forêts locales en période de Noël.
Après 1500, la comptabilité de certaines corporations mentionne l'achat d'un sapin et de décorations destinées à la célébration de Noël.
En 1597, les livres de compte de la ville de Turkheim mentionnent l'achat de décorations de Noël : pommes, hosties, papier peint et fils.
A Strasbourg en 1605, le Weihnachtsbaum (arbre de Noël) est cité dans les écrits d'un voyageur resté anonyme.
Ce n'est qu'en 1785 que les bougies font leur apparition comme élément ornemental du sapin de Noël, ainsi qu'en témoigne une description faite dans ses Mémoires par la baronne d'Oberkirch de Thann.
La bougie est un élément symbolique fort dans le christianisme, une illustration de l'amour rayonnant de Dieu et du Christ éclairant le monde.
L'ornementation du sapin s'est enrichie au cours du temps
L'origine des boules de Noël
D'après une légende de 1858, une grande sécheresse frappa les Vosges du Nord et la Moselle, privant ainsi ces régions d'une abondante récolte de fruits.
Manquant de pommes pour décorer leurs sapins, les habitants s'apprêtaient à passer de tristes fêtes de fin d'année.
Un souffleur de verre de Goetzenbruck, petit village de l'est mosellan, aurait alors eu l'idée ingénieuse de remplacer les pommes par des boules de verre soufflé, initiant ainsi une tradition qui allait se répandre dans le monde entier.
Sous le règne de Napoléon 1er, l'Alsace est la seule province française à célébrer Noël avec des sapins dans les maisons. Le roi Louis Philippe est le 1er à introduire l'arbre de Noël alsacien à Paris. Il faudra attendre la guerre de 1870 et l'immigration des alsaciens pour que la coutume se répande dans le monde entier.
"En Alsace, il n'y a pas de famille si pauvre qu'elle soit, qui n'ai son arbre de Noël. Quand un alsacien émigre, il emporte la coutume héréditaire dans ses pénates. On l'a retrouvée dans les placers boueux de Californie, dans le sable du Sahara, dans les tranchées de Sébastopol, si bien qu'on a pu dire : "Là où est une famille alsacienne, là est un arbre de Noël."
Histoire de Strasbourg - 1876
Dans les campagnes, jusqu'au début XXe siècle, il était d'usage de disposer des bougies allumées sur le rebord intérieur des fenêtres. Une tradition encore vivante aujourd'hui, les bougies étant la plupart du temps remplacées par des ampoules électriques.
Sapin en terre ou en l'air ?
S'il paraît évident aujourd'hui de fixer son sapin de Noël sur un pied, de nombreuses gravures anciennes montrent des arbres de Noël suspendus au plafond dans les séjours des maisons.
En effet, une tradition attestée depuis l'Antiquité romaine consistait à suspendre au 1er janvier dans les maisons, des branches d'arbres à feuilles persistantes dont le sapin. Leur arôme et leur couleur représentaient la longévité au coeur des rigueurs de l'hiver.
Sans doute inspirés par l'arbre symbolique exposé dans le choeur de l'église, les paroissiens ont imité cette pratique en remplaçant les branches par un sapin entier.
2021, le sapin responsable
L'arbre de Noël du XXIé siècle ne cesse de se réinventer. Sapin décoratif en bois de palettes recyclées, sapin dessiné sur un mur, véritable sapin dans un pot à replanter... Le sapin en plastique demande peut-être plus d'énergie pour sa fabrication et son importation, la plupart du temps depuis l'autre côté de la planète pour ne pas citer la Chine lui confère une empreinte carbone très élevée. De plus, le processus de fabrication de ces arbres en plastique ou résine crée une grande proportion de sous-produits toxiques liés au produit final, et implique du plomb, en particulier quand on y intègre des lampes fonctionnant grâce à de la fibre optique.
Alors finalement, arbre vivant, sacrifié ou factice ? Peut-être qu'un arbre cultivé dans le respect de la forêt serait plus écologique ?
Tirées du sute internet de la National Christmas Tree Association, ces quelques lignes nous donnent à réfléchir :
- Chaque hectare d'arbres sur une pépinière d'arbres de Noël fournit assez d'oxygène pour 9 personnes.
-Pour chaque arbre de Noël coupé, on plante 3 arbrisseaux.
-En un an, un sapin adulte de taille moyenne produit assez d'oxygène pour faire vivre une famille de quatre personnes et absorbe le dioxyde de carbone émis par quatre voitures.
- Planter des arbres est le moyen le moins cher et le plus efficace pour éliminer le dioxyde de carbone de l'atmosphère.
- Les arbres non vendus sont compostés pour en faire du paillis, de la poudre d'écorce, du compost.
Quoiqu'il en soit, toujours symbole de la fête par excellence, il permet à tous, petits et grands, de laisser libre cours à leur rêves. Disposez de cet arbre avec respect en en ritualisant son installation, sa décoration puis remercier le avant de le démonter, garder une bûche pour fêter Yule l'année suivante, décorer le d'offrandes pour les oiseaux avant de le jeter , recyclez-le pour votre bois de chauffage...
Alors pour finir je vous dirais qu'en ces temps troublés, l'important est surtout de préserver la tradition, celle qui réchauffe vos coeurs et ceux de vos proches, celle qui fait encore briller les yeux des enfants...et des grands.
Je vous laisse, j'ai pas encore fait mon sapin !
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